mardi 21 décembre 2010

Tu as déjà vu des dos d’âne sur une piste de décollage ?

Elle a vu le jour dans un big-bang neuronal. Depuis, elle se la coule douce entre les rides de ma paume. Je la manie du bout des doigts. Elle, c’est ma plume, celle qui s’exprime, qui fait que je m’exprime.

Elle manie cet art de dire les choses atroces d’une belle façon. Elégante sans être à la mode.
Elle n'en a que faire du regard des autres, elle ne se dandine que pour plaire à son maître, et c’est un festival quand elle se déhanche sur les podiums de ma page, les syllabes s’emboitent. Elle se déhanche et marque son territoire de ses idées lugubres, certains la qualifieront d’arrogante, car elle a une démarche majuscule quand les autres se tortillent en minuscule. Elle les prend de haut, eux, ceux qui confondent talent et talons, pour être à sa hauteur. Sévère avec elle-même, elle est victime de torticolis car elle vise constamment haut. Elle est anorexique, parce que le succès est son plat préféré. Mis à part ces quelques problèmes de santé, elle est en forme olympique, de l’or pour chacune de ses prestations.

Acariâtre, éternelle insatisfaite, elle en a même oublié comment applaudir. Pour elle rien ne va, la critique c’est son dada. Tu ne la verras jamais se balader sur une feuille d’un traité de l’armistice parce qu’elle est rancunière. Elle tourne la page, certes, mais délicatement, en prenant soin de ne pas l’arracher. Sur cette même page, tu verras beaucoup de « i », parce qu’elle insiste à mettre les points dessus.

Indisciplinée sauf dans sa discipline. Parce que la dictée elle n’aime pas ça, les ordres non plus. Les règles, elle ne les connaît pas car elle était déjà en ménopause bien avant sa puberté.
Elle ne mâche pas ses mots, elle les crache sur la page ! Elle exprime avec la langue de Molière l’idéologie de Ben Laden ! Violente, oui, et elle t’emmerde, elle veut violer la gloire, braquer le succès, étriper la victoire. D’autant plus qu’elle puise son encre de ces litres de sang écoulé et de larmes versées. Elle ne carbure donc pas à l’eau de rose, l’amour, elle l’a mis de coté…comme la ficelle du string.
Marginale, elle vit dans la marge de ses pages en se faisant languir. Une bonne plume est une plume avare en encre, l’inventrice de ce concept parle peu, parce qu’elle réfléchit beaucoup.

Elle prendra son envol, tôt ou tard... Pourquoi ralentir le processus ? Tu as déjà vu des dos d’âne sur une piste de décollage ?

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