dimanche 26 juin 2011

Le sombre débarras des promesses vaines.


Je n'aime pas l'autorité, Le seul chef que je pourrai être est celui de mon oeuvre !
Viens goûter au "Chef d'Oeuvre" : ceci n'est qu'une mise en bouche - Si tu apprécies le gout, tout ce que tu as à faire, c'est attendre qu'il sorte du fourneau.

Extrait d'un dialogue entre Le Professeur et Monsieur Y.

[…]

- "Jeune homme, votre histoire me passionne, je vous aiderai. Vous êtes dans la force de l'âge, vous avez un avenir prometteur !" s'exclame Le Professeur, en fixant Monsieur Y droit dans les yeux.

Un sourire de victoire s'esquisse délicatement sur le visage de Monsieur Y. Il prend un temps de silence, et dit :

- "On me dit souvent que mon avenir est prometteur. Dans la vie j'ai connu un tas de promesses, mais j'ai rarement croisé une promesse accomplie.
Alors oui, mon avenir est prometteur, comme celui de tout le monde d'ailleurs, mais ses promesses, dans le temps, se réaliseront-elles, ou devra-t-on les mettre dans le gros débarras des promesses vaines ?
Un sombre débarras où se bousculent les promesses poussiéreuses que l'on m'a faites dans le passé, où s'empilent mes faux-espoirs sur mes illusions crasseuses rongées par les termites de mon destin foireux.
Un sombre débarras, que je cache tristement dans les recoins les plus reculés de mon cerveau qui prend de l'âge. Je cache tellement bien ce débarras, que parfois, j'oublie son existence, jusqu'au jour où je recroise une promesse vaine, sous le joli canapé de l'amitié par exemple, et qu'il me faut de nouveau ouvrir la porte du débarras pour la foutre à l'intérieur.
Le débarras se remplit petit à petit et s'entassent l'une contre l'autre ces promesses irréalisées, alors quand le débarras est plein à craquer, moi aussi je craque !
La main sur le coeur, j'attrape mon courage à deux mains et je décide de rentrer à l'intérieur pour y faire de l'ordre"
Monsieur X approche une cigarette de sa bouche, l'allume, prend une bonne bouffée de nicotine, et continue, la fumée sortant de sa bouche rythme son récit :

- "Me voici m'aventurant dans ce vieux cagibi ou je respire lourdement, certes l'endroit est poussiéreux, mais c'est surtout ces vieux souvenirs qui me coupent le souffle.
Je déambule entre ces vieux souvenirs miteux, la chair de poule, et les larmes aux yeux. Je m'arrête soudainement quand j'aperçois au fond de la pièce, m première désillusion : La tablette de chocolat qu'on m'avais promise si je restais sage, et pourtant ce jour là, je suis resté sage. Juste à coté, Le vélo qu'on aurait du m'acheter quand j'ai réussi à l'école. Sur l'étagère du dessus, les nombreux coups de mains amputés dont j'avais le plus besoin, s'entassent l'un contre l'autre. Au loin, j'aperçois les voeux de fidélité de ma première copine.
A ma droite, Je repère deux chaises l'une à coté de l'autre, je pose mon cul entre les deux et je réfléchis.
Des nuages de poussière se dessinent devant la seule et faible lumière qui éclaire la pièce, il fait noir…et je le broie. Je me remets en question, mais je ne trouve pas de réponse. Ai-je été aussi naïf ? Si ces promesses vaines existent, c'est que j'y ai cru sincèrement, comment ai-je pu être aussi stupide ? Comment ai-je pu croire en toutes ses promesses ?
Les promesses ne sont que des paroles, paroles et Dalida m'avait mis en garde il y a bien longtemps. Si les hommes étaient à la hauteur de leurs promesses, ils mesureraient des mètres et des mètres, mais les hommes sont petits juste à la hauteur de leur bassesse, juste à la hauteur de leurs coups bas.
Croire aux promesses, c'est se réveiller d'un rêve et vérifier s'il a vraiment eu lieu, si toutes ces promesses affectent mon moral, alors je suis un rêveur naïf.
Avec le temps, j'ai mûri, et j'ai vidé mon débarras. J'ai jeté toutes ces vieilles promesses qui hantaient mon passé. Aujourd'hui le débarras est vide, bon débarras !
Alors oui mon avenir est prometteur, mais j'en ai rien à foutre. Bâtir son avenir sur des promesses, c'est bâtir sa maison avec de la boue.
Je veux du concret Professeur"
[…]