lundi 21 octobre 2013

La Lutte continue ...





Je suis devant le miroir de la salle de bain, surement pour faire ma toilette matinale. Je fais de mon mieux pour m’observer attentivement d’un œil à moitié endormi. Si le sommeil est le cousin de la mort, alors je comprends mieux pourquoi je ressemble à un Zombie. Il y a des matins comme ça, qu’on devrait penser 
à interdire. 

Je tente de garder les yeux ouverts. J’ai autant de mal à redresser mes paupières qu’un économiste a du mal à redresser le dinar tunisien. La bataille ne semble pas gagner, mais je fais de mon mieux. Je m’observe d’un regard accusateur, de quoi briser le miroir.

A cet instant même, je me hais, je hais ce que je suis, ce que j’ai pu être, et me morfond dans le regret de ne pas avoir suivi des études de Sciences Physiques, d’être devenu un Physicien de renommée, et d’avoir infine, inventé la Machine à Remonter le Temps. Celle qui me permettra de revenir dans le passé et de regagner quelques heures de sommeil, tous les matins ! Pour moi, le vrai bonheur dans la vie, c’est de pouvoir se coucher sans avoir à régler son réveil matinal.

Une giclée d’eau sur le visage, ça réveille l’esprit. Mes yeux commencent à s’ouvrir délicatement, je vois flou et des formes bizarres, ça me rappelle un filtre Instagram, je ne sais plus lequel. Pourquoi, je me fais tout ce mal ? Pourquoi, merde ? Je tiens à pei… chuut ! Je l’entends, c’est mon lit, il m’appelle. Il serait impoli de l’ignorer, je vais voir ce qu’il ve… Non ! Il faut que je me ressaisisse ! Il faut que je me réveille.

Aujourd’hui c’est Lundi, et la journée va être rude …

On m’attend à l’Association pour la Lutte contre les Lundis, où je suis Président…
Nous gardons espoirs depuis que le Syndicat des Coiffeurs Professionnels a réussi à faire du Lundi, un jour férié.
La lutte continue…  

mardi 15 octobre 2013

Une histoire de Sacrifice ...


l'Aïd, c'est quand même le seul jour de l’année où des gens se promènent avec des armes blanches aux yeux et à la vue de tous, sans se faire inquiéter par la police ! Personne ne semble paniquer à l’idée de voir ces couteaux servir à autre chose, que pour le Sacrifice de l’Aïd.

Nous faisions la queue devant la boutique pour aiguiser nos couteaux pour le Grand Egorgement, et j’observai attentivement les gens : je les connaissais tous de vue, nous sommes du même quartier, d’ailleurs le mec devant moi, je suis sur qu’il vient aiguiser ses couteaux, pour faire semblant devant les voisins ! J’ai des doutes sur ses capacités financières à faire le sacrifice …

Cette année, ça n’a pas été facile, la crise économique a été plus violente envers les citoyens, que la police l’est généralement. Du coup, la classe moyenne n’a plus les moyens … Et La grande problématique de cette année reste la même que celle de la dernière à la même période : Peut on éviter le sacrifice de l'Aïd, en fonction de nos conditions financières ?

D’ailleurs, moi-même dans cette file d’aiguiseur de couteaux, je n’ai pas encore pris ma décision. Il faut que je consulte ma femme, si nous prenons la décision de faire le sacrifice, les couteaux pourront très bien nous servir, si nous décidons du contraire, ils pourront toujours nous servir pour autre chose.

La décision dépendra de nos moyens financiers, nous n’avons pas encore fait le Grand Sacrifice de toute notre vie, il faut bien le faire un jour, non ?


Me voilà sur le chemin du retour, préparant soigneusement mes arguments pour convaincre mon épouse. Si elle n’était pas concernée par le Sacrifice de l’Aïd, je ne pense pas que j’aurai débattu avec elle sur la question. Il est très difficile de convaincre une Femme : Dieu, dans son immense omniscience a permis aux hommes la polygamie, parce qu’il sait pertinemment qu’une femme a souvent un dédoublement de la personnalité, une sorte de comportement schizophrène qui fait d’elle, plusieurs femmes dans une seule ! De telle sorte qu’elle avait toujours un avis et puis son contraire … toujours dans la même discussion.

Une fois à la maison, j’ai été droit au but : « Il faut que nous fassions le sacrifice cette année, nous n’avons plus les moyens ».
A ma grande surprise, ma Femme semblait être d’accord avec moi, et répondit : « Tu as raison, il faut bien le faire un jour … Peut être que cette année est la bonne … Tu es sur que nous n’avons plus les moyens ? »

Mes arguments étaient prêts : « Oui, j’ai fait les comptes … on s’en sortira plus l’année prochaine, il faut le faire cette année ! ». Il y eut un moment de silence, elle baissa la tête de honte, et essuya ses larmes de pitié. Je repris la conversation pour détendre l’atmosphère et surtout pour lui arracher une confirmation : « La pauvreté n’est pas un crime, et Dieu nous l’a demandé en signe d’amour et fidélité. Nous ne faisons rien de mal, Chérie »

Elle releva la tête, me fixa droit dans les yeux, puis leva encore plus la tête, et regarda vers le plafond en répondant : « Je le fais uniquement pour Dieu et rien d’autre. J’espère ainsi qu’il nous acceptera dans son éternel Paradis !»

Le lendemain, ma femme et moi avons pris la peine de tout préparer. Les enfants dormaient encore, et on s’est dit qu’on les réveillerait une fois que le Sacrifice serait terminé. On voulait leur éviter ce bain de sang et ses images qui deviendront demain, des souvenirs atroces.

La veille, nous avons pris soin d’installer notre fils ainé dans une chambre à part …

Il a 18 et est un brillant élève, dans son lycée. Cette année, il passe le bac. Son coût nous revient déjà tres cher, alors je n’imagine pas, ce que ca sera quand il sera à la fac … Nous n’aurons plus les moyens de l’entretenir, lui et ses frères. Il fallait bien faire un Sacrifice : En Sacrifier un, pour faire survivre le Groupe !

Ca fait mal d’égorger son propre fils, l’ainé de la famille, mais si Dieu le veut ainsi… personne ne peut s’opposer à sa volonté. Abraham l’a fait pour nous montrer que nous étions tous capables de le faire …


Sa mère et moi, sommes rentrés dans la chambre où il dormait « Réveille toi, nous avons une surprise pour toi ». Il se réveilla, tout excité, nous lui attachâmes les yeux et l’emmenâmes à l’arrière du jardin, les yeux bandés. C’est en écoutant quelques prières que je faisais, qu’il commença à comprendre l’entourloupe, il n’avait pas commencé à se débattre que le couteau aiguisé de la vieille, avait déjà parcouru le long de sa gorge…

Le plus dur n’était de le voir se débattre par terre, le sang giclant de sa gorge pour aller décorer le mur de la maison…non, le plus dur, c’était de devoir écouter les sanglots de sa mère. L’instinct maternel a du refaire surface, et la voilà qui gémit une décision qu’elle a prise la veille. Les femmes sont vraiment schizophrènes.

Dieu aurait pu nous épargner tout ça. Je ne sais pas moi, il aurait pu remplacer le fils aîné d’Abraham par un mouton, à la dernière minute. Ca nous aurait évité d’égorger nos aînés, et ça nous aurait surtout évité les gémissements des Femmes !