jeudi 7 juillet 2011

l'Homo-Politicus.


Je me rappelle l'époque ou je crachais par terre, à chaque fois que je foulais le sol d'une rue du "7 novembre 1987". A cette époque, il suffisait de peu pour être révolutionnaire contestataire.
Aujourd'hui, si tu ne postes pas d'articles traitant des magouilles de Caïd Essebsi, un statut insultant Rached Ghannouchi de tous les noms et une video relatant les frasques de Nejib Chebbi, Si tu ne fais pas grève 3 fois par semaine, alors tu n'es qu'un sale vendu ou bien un lâche, dans les deux cas, tu ne mérites pas d'être Tunisien :
Bandes de fous! 2 millions de Tunisiens sur Facebook me laissent penser que : " Plus on est de fous… plus l'asile est grandeur nature".
Les conversations n'existent pas, on n'entend que des discours. Les dialogues sont devenus des monologues interposés. Autrefois, on murmurait dans les cafés pour faire passer l'information parceque les murs avaient des oreilles, aujourd'hui, c'est les oreilles qui ont des murs, alors on gueule, on crie, on hurle, mais rien n'y fait, l'information ne passe toujours pas.
Voilà pourquoi, je m'étais promis de ne plus rien écrire sur la politique en Tunisie…mais bon, j'ai changé d'avis, c'est mon blog et j'en fait ce que je veux.

En Tunisie, si la politique était une maison, sur le paillasson de la porte d'entrée, au lieu de "Welcome" tu lirais "DEGAGE" : Nous ne nous ferons pas avoir deux fois (ou trois, si on compte Bourguiba). on ne pourrait demander à un juif d'oublier Hitler, comme on ne pourrait demander à un Tunisien d'oublier Ben Ali. Broyer du noir pendant 23 ans, a nourri une peur bleue envers le mauve. De plus, le RCD à des airs de mouton le jour de l'Aïd : il se fait égorger et voit ses membres dispersés un peu partout… entre l'Initiative, Watan, Afek etc. C'est la raison qui pousse le Tunisien à rester sur ses gardes :
La conspiration est discrète. A l'époque du WIFI; la marionnette se fait manipuler sans fil. le Tunisien croit le savoir; et chaque personnalité qui apparait sur la scène publique devient une cible pour les lanceurs de tomates, car en politique, le coeur des Tunisiens est comme la Vierge Marie, il est impénétrable.
Tout ceci traduit notre récalcitrance vis à vis de l'homo-politicus.


Cependant, l'homo-politicus le plus contesté par mon cercle d'amis, reste sans doute le co-fondateur de" Ennahdha", j'ai nommé M. Rached Ghannouchi : La lumière dans l'obscurantisme islamique.

Ce matin en faisant les courses à Monoprix, J'ai compris notre attachement à l'alcool, en voyant un homme payer ses bouteilles de vin en utilisant une Carte Fidelité. Je me demandais tout au long de la file d'attente qui me séparait de la caisse, ce qu'il adviendra de cet homme si jamais R. Ghannouchi était élu Président de la République tunisienne…
Dans un pays ou l'on appréhende plus la fin du mois que la fin du monde, où à défaut d'être musulmans pratiquants, nous sommes pratiquement musulmans : Le peuple est mitigé, il ne sait pas sur quel pied danser : il a un pied sur un tapis de prière, le 2ème pied dans la cuve à vignoble… et le 3ème court derrière les femmes. Lequel, R. Ghannouchi, commencera-t-il par amputer ?
Ce qui est sur, c'est que si Ennahdha remportait les élections, beaucoup de filles mettront les voiles (au sens propre comme au sens figuré).

De mon point de vue, la religion est supposée faire partie de la sphère privée, mais quand je vois certains étaler leur vie publiquement : Raconter au 1er venu les pépins de leur vie quotidienne, parler a voix haute au téléphone dans les transports publics, avoir des statuts Facebook du genre :"ouuuuuuf je sui disputé avek mon copin, se soir jvé deconpraissé à Kalypso ! ". Je me dis qu'en Tunisie la vie privée n'existe pas ou peu, alors il est normal que tout fasse partie de la vie publique, même la religion. La théorie classant donc, la religion comme étant un élément de la vie privée perd tout son sens en Tunisie.
Ce qui me laisse penser que la mentalité tunisienne admet beaucoup d'étagères et très peu de tiroirs. La différence ? Le contenu de l'étagère est visible à tous, quant à celui du tiroir, il est perceptible seulement par son propriétaire.

Et c'est ainsi que se forment les conflits entre religieux et "mécréants" qui ne respectent pas la volonté de Dieu. Je compare la Tunisie à cette paire de fesses, la fesse gauche représente les religieux, la fesse droite les modérés, et entre ces deux mondes, il y a comme un fossé. Dans ce fossé il y a moi, le grand trou du cul, et je commence à me faire chier.

Mais ne confondons pas laïcité et laïcisme, si la 1ere consiste à séparer l'Etat de la religion, la 2eme, elle, est beaucoup plus radicale. Le Laïcisme consiste en faite à faire disparaitre toute trace de religion dans un espace public, c'est à dire plus de voile pour les femmes, plus de prière dans les rues, plus de Kipa pour les juifs, plus de croix chrétienne etc. dans les places publiques. Le souci majeur du laïcisme consiste à classer la religion dans les éléments de la vie strictement privée. A ma connaissance, aucun pays, de nos jours, ne fait usage de cette pratique ( le cas de la burqa en France étant une autre paire de manche), et ce n'est pas en Tunisie que ça risque de se produire.

Les élections approchent à grands pas, et je suis encore indécis… mais je crois que le 1er Homo-Politicus qui dépénalisera le cannabis au nom de l'agriculture tunisienne, aura la voix et la confiance d'une grande part de Tunisiens.

mardi 5 juillet 2011

Le Mouton Sauvage.


Le Berger regarde ce que sont devenus ses moutons qui jadis, marchaient gentiment en troupeau, mangeaient de l'herbe quand ils étaient sages et mangeaient le bâton quand ils sortaient des rangs. Ils étaient si dociles quand il les envoyait paitre, et si silencieux quand ils ruminaient, le pâturage était digne d'une carte postale, et les visiteurs s'y affalaient des 4 coins de la terre ronde pour admirer ce joli spectacle. La nuit tombée, le Berger comptait ses fidèles moutons et s'endormait paisiblement sur son confortable matelas en peau de mouton. Du soleil, des animaux dressés, et un paysage magnifique, que demande le peuple ?

Seulement les moutons commençaient à ouvrir les yeux, on ne pouvait pas dire autant pour la bouche : Ils admiraient jalousement les moutons du pâturage voisin, et les enviaient secrètement. IIs les trouvaient plus beaux, plus intelligents, plus libres, et voulaient à tous prix leur ressembler, et combien de moutons s'enfuyaient en cachette dès que le Berger avait le dos tourné, pour aller fouler le sol de l'herbe plus verte des moutons voisins.

Mais qui l'aurait prédît : le 14eme jour de l'année 11, voilà que les moutons sortaient en troupeau,n'ayant pour une fois aucun guide. Leur instinct animal les poussait à se rassembler devant la ferme du berger, en bêlant pendant des heures en langage de moutons ce qui parait signifier : "BÊÊÊÊGAGE".

Excédé, et poussé à bout par sa femme qui lui demandait d'agir, le Berger, hors de lui et de chez lui, courait dans la prairie, en gesticulant dans tous les sens pour renvoyer les moutons dans la bergerie, dans la main gauche des promesses, dans la main droite un bâton - il faut dire que les promesses étaient gauches et que son bras droit était responsable de toutes ces injustices. Pendant un moment, ce fut le Chaos général, car à sa grande stupeur, les moutons les plus jeunes et les plus courageux se retournaient en mordant la main du maître.

Personne, à l'heure qu'il, ne sait comment s'est soldée cette confrontation, ni ce qui s'est réellement passé. Ce que l'on pourrait conclure avec du recul, c'est qu'après quelques bâtons cassés, et des kilos de moutons sacrifiés, le Berger du partir les larmes aux yeux, laissant derrière lui tout ce qu'il avait de plus cher : Son bâton et son pâturage.

Le Berger, de sa nouvelle demeure, appréhende ce qu'il adviendra de lui, de ses moutons, de son bâton, de son pâturage. Nous l'appréhendons tous. Une seule chose est sure : Un animal de compagnie n'en est plus un, quand il n'a plus de maitre.
Il revient à l'état sauvage, régit par la loi de la jungle : La loi du plus fort.

Sous le régime de la loi du plus fort, les plus faibles finissent entre 4 murs ou 4 planches, emprisonnés ou morts. On ne peut pas violer la loi du plus fort, car il faudrait d'abord l'attraper de force, et les faibles n'ont malheureusement pas de force. Dans le cadre de cette loi, on ne parle ni de majorité, ni de minorité, on parle seulement de forts et de faibles. On parle de muscles et d'armes, et rarement d'idées et d'avis. Les plus forts vivent sauvagement aux dépends des plus faibles qui survivent. C'est à nouveau le Chaos.

Le Mouton est sauvage aujourd'hui. Il gambade dans tous les sens, tantôt mangeant de l'herbe, tantôt la chair de son frère. Le pâturage est devenu d'une laideur qui fait fuir les visiteurs.
Les moutons se divisent en partis puis en Fan Page, Ils s'organisent et attaquent les troupeaux les plus faibles pour les décimer, mais depuis quand un mouton veut guider un autre ?

Le mouton reste un mouton quoi qu'il advienne, et le 23 octobre prochain, le mouton choisira parmi une liste de Bergers, les Bergers qui manient le plus habilement le bâton.