jeudi 2 février 2012

En attendant le 18 février 2012



Attention, dans ce billet ni jeu de mots vaseux, ni cynisme.

Dans un contexte où les élus du peuple écrivent de leurs mains propres les grandes lois qui régiront la vie future des tunisiens, il est utile de rappeler l'histoire à certains.

Les lois de l'homme ont toujours été injustes envers l'homme. Les lois d’aujourd’hui feront les causes des associations humanitaires de demain. Prenons des exemples.

Depuis la nuit des temps, jusqu’au XVIIIème siècle, des lois dans les nations du monde entier permettaient l’achat et la vente d’hommes, on appelle cela l’esclavage. Ces lois organisaient les marchés des esclaves, leurs prix, leurs caractéristiques etc. Et pendant des siècles et des siècles, ces lois esclavagistes étaient de l’ordre du banal, jusqu’au XVIIIème siècle, ou une poignée de gens courageux, eurent l’audace et la force d’abolir tout cela. A ce titre, la date du 1er janvier 1863 est celle la plus connue, Abraham Lincoln y prononça l’affranchissement des noirs aux Etats-Unis, il fut assassiné plus tard pour les propos qu’il a tenus. Pendant des siècles et des siècles, l’asservissement de l’homme par l’homme a fait partie de nos coutumes.
L’esclavage est, aujourd’hui, une pratique archaïque, une honte pour l’humanité !

Entre 1948 et 1991, les lois constitutionnelles de l’Afrique du Sud stipulaient que les Noirs et les Blancs ne devaient pas se mélanger, aller à l’école ensemble, s’asseoir sur les mêmes bancs, habiter dans les mêmes quartiers, se marier entre eux, etc. le tout au grand dam des autochtones noirs, probablement le système contemporain le plus ségrégationniste qu’ai connu l’Homme.
L’Apartheid, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a pas empêché l’Afrique du Sud, d’entretenir une diplomatie florissante avec le reste des pays du monde, qui ne s’indignait nullement quand aux traitements des indigènes en Afrique du Sud. Il a été aboli, il y a seulement 20 ans.
L’Apartheid est, aujourd’hui, une pratique archaïque, une honte pour l’Afrique !

En France, il n’ y a pas si longtemps que cela, la loi stipulait qu’un ouvrier devait être payé en fonction du nombre de calories perdues pendant l’exercice de ses fonctions, en gros, s’il perd 3500 calories au cours d’une journée de travail, il sera payé 3500 calories de viande à la fin de la journée. Ce fut l’une des causes de la révolution française de 1789.
Cette injuste répartition des richesses est aujourd’hui une pratique archaïque, une honte pour la France !

Après la 1ère guerre mondiale, jusqu’aux années 30, l’alcool était interdit de vente dans des pays comme Les Etats-Unis, la Finlande, la Russie (oui la Russie !) etc. pour plusieurs raisons.
C’est fut la période de Prohibition, où vendre ou acheter de l’alcool était passible d’une peine de prison, c’est ce que stipulait la législation de ces pays.
L’alcool est aujourd’hui un instrument de fête (ou de consolation pour certains), et au nom des libertés fondamentales, il est dur d’imaginer qu’en Russie ou aux États-Unis, l’alcool a pu être interdit, un jour, peu importe les raisons.
La prohibition est aujourd’hui une pratique archaïque, une honte pour l’humanité !

Tout au long de l’existence de l’Homme sur terre, les femmes n’avaient pas le droit de vote. Il aura fallut attendre une vague d’émancipation féminine massive se déverser sur les systèmes politiques du monde, entre la moitié XIXème et le XXème siècle, pour se voir accorder le droit de vote. (Exemples : La France en 1944, l’Italie en 1945, la Tunisie en 1957, la Suisse en 1971, l’Arabie Saoudite en 2011)
L’absence du droit de vote pour les femmes est aujourd’hui une pratique archaïque et une honte pour l’humanité !

Prenons le cas du tabagisme, en Europe où aux Etats-Unis, les fumeurs sont interdits dans les lieux publics, leur consommation est surtaxée par l’Etat, (64% du prix en France, 70% au Canada, 35 % aux Etats Unis) les paquets de cigarettes sont mutilés à travers des slogans et des consignes anti-tabac. Et la lutte contre la cigarette n’est pas prête d’être finie, d’ici quelques années, le tabac sera interdit, ses consommateurs seront montrés du doigt et marginalisés dans une société endoctrinée par le système, contre le tabac.
A cette date, le tabagisme sera qualifiée de pratique archaïque, et de honte pour l’humanité et son bien être !


Sans plus s’attarder sur les cas des autres pays - bien qu’il en existe un tas d’autres exemples - prenons le cas de notre Tunisie :

Nous avons vécu plus d’un demi siècle d’oppressions et ironiquement nous avons longtemps mangé les matraques de la dictature sans ouvrir la bouche.
Nous nous sommes habitués aux lois liberticides de Ben Ali, quand l’asservissement de la population a commencé à faire partie de notre routine quotidienne.
Les propagandes médiatiques s’orchestraient d’une manière soviétique, et bien que le peuple était conscient de la supercherie, il se pliait au jeu, parce que c’était la norme.
C’est seulement après la chute de Ben Ali, que tous les citoyens ont osé condamner son régime, que les pays du monde entier, y compris les alliés de Ben Ali, nous ont en félicité. Ce fut pareil dans le monde arabe.
La dictature est aujourd’hui une pratique archaïque, une honte pour l’humanité et les arabes !

Tous ces exemples sont la preuve que l’Homme s’habitue à tout ! Il suffit d’employer les gros moyens pour l’en convaincre : les medias, la police, la justice sont les meilleurs outils pour endoctriner le peuple contre un mal imaginaire, et faire en sorte de le marginaliser de la société.

Le 18 février prochain, se tiendra une manifestation à Tunis pour la dépénalisation du cannabis (et non pas sa légalisation, qui elle, est une autre paire de manche). Réduire les peines encourues liées à la consommation de cette drogue douce est l’objectif de cette démonstration pacifique.
Cette manifestation est taboue en Tunisie, très peu de gens en parlent. N’est elle pas, à juste titre que la liberté d’expression, une liberté individuelle dont tous les Tunisiens devraient s’inquiéter ?

Je ne vais pas m’étaler sur les bienfaits du cannabis - je n’ai pas encore de diplôme en médecine – mais pourquoi est ce qu’un consommateur de cannabis qui est en Hollande un citoyen lambda, en France un intellectuel, au Maroc un mec banal, et aux Etas Unis un gars cool, serait en Tunisie un voyou infréquentable, un drogué marginal ou un futur prisonnier ?

La réponse est évidente, je vous invite à relire plus haut.
Le haschich connu sous le nom de Tekrouri en Tunisie, était légal à l’époque du Bey. Mais au fur et à mesure du temps, bien qu’il soit moins nocif que le tabac ou l’alcool, Ben Ali a fait en sorte de lui attribuer tous les maux de la société. Le Haschich a été interdit, puis pénalisé très gravement, faisant peur à la société qui a fini par le qualifier de « drogue », et aujourd’hui quand les gens voient passer un fumeur de cannabis, ils se disent entre eux : »Tu vois lui ? Il fume du cannabis ! »

Mais l’histoire nous a prouvé que les lois changent selon les circonstances et la maturité de l’esprit de l’homme, car bientôt j’écrirais, la pénalisation du cannabis est aujourd’hui une pratique archaïque, une honte à l’humanité !




mercredi 1 février 2012

« Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait… »*


*Henri Estienne

Texte écrit en Novembre 2011 et paru sur Tunivisions Magazine, numéro de Janvier 2012 :

Je fais partie de cette majorité de jeunes qui a crié « dégage » à gorge déployée, et qui a servi d’exemple à la jeunesse du monde entier.
Je fais partie de ce flocon de neige qui devint plus tard une avalanche, se déversant sur les régimes pourris du monde entier.
Je fais partie de cette jeunesse qui en a fait trembler plus d’un, et le jour d’Halloween, il fallait se déguiser en « Révolution tunisienne » pour faire peur au monde entier.
Je fais partie de cette jeunesse qui a fait en sorte que la Liberté ne soit plus qu’une simple statue au pays d’Obama, que notre pays n’exporte plus que de la Harissa, mais qu’aujourd’hui le 1er produit d’exportation de la Tunisie soit la Révolution ! et si nous demandions des droits d’auteurs à chaque fois qu’on s’inspirait de notre révolution, la Tunisie serait, à l’heure qu’il est, la 1ère puissance économique au monde !

Mais la Tunisie a été ingrate vis à vis des jeunes, en oubliant inconsciemment que c’est les Vieux qui l’ont toujours maltraitée. Et depuis le 14 janvier, la jeunesse s’est entremêlée les ficelles à force de faire la marionnette, manipulée par tel ou tel parti politique, par telle ou telle page Facebook. Résultat des courses : On s’était promis de se serrer les coudes pour l’avenir de notre chère Patrie, on s’est retrouvé à nous donner des coups avec. Rien de vraiment bizarre dans un pays où la majorité des citoyens critique la mentalité de la majorité des citoyens. Et pendant qu’on se chamaillait entre mécréants et religieux, entre socialistes et libéraux, entre Majorité Silencieuse et Minorité Bavarde, entre Kasbah et Coupole, notre révolution s’est, en fin de compte, faite confisquer par des VIEUX.

J’ai vraiment réalisé que nous étions dirigés par des vieux, le jour où on a légalisé le Viagra, si nous étions dirigés par des jeunes, on aurait légalisé autre chose.
Aujourd’hui, nous sommes gouvernés par des personnes du 3ème âge et pour eux, « changer le monde », c’est des enfantillages. Alors, les Jeunes crient au scandale pour faire entendre leur cause, mais le gouvernement prend de l’âge et perd l’ouïe.

Regardez Beji Caïd Sebsi, il est tellement vieux, que son vrai poste devrait être Le Premier Ministre…de L’Histoire de la Tunisie.
Regardez l’Assemblée Constituante, elle a des airs de Maison de Retraite, et ses sièges de chaises roulantes.
Même la valise du Ministère de la Jeunesse est détenue par un vieux. Pour lui, la jeunesse c’est avant tout, un lointain souvenir. Mettre un vieux dans le Ministère de la Jeunesse, revient à nommer Hamma Hammami Ministre des Affaires Religieuses, Hechmi Hamdi Ministre de l’Education et Ben Ali à la tête de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme.

Les faits sont là, Le cadavre de la dictature a été retrouvé noyé dans le sang et la sueur de la jeunesse tunisienne, quand certains de nos aïeuls cherchaient désespérément à lui faire un massage cardiaque.
Le courage et l’indignation des jeunes se sont accouplés pour donner naissance à la révolution tunisienne qui a noyée cette dictature, quand beaucoup de nos parents admettaient péniblement le morcellement de l’ancien régime derrière leurs postes de télévisions où leurs comptes Facebook.
Alors peut on remettre la coupe d’une finale de Football aux téléspectateurs ? C’est pourtant ce que nous avons fait le 23 octobre dernier.
Pourquoi ?
Est ce un manque de candidats sérieux de la part de la jeunesse tunisienne ?
Où est ce une monopolisation de la scène politique par les vieux renards ?
Toujours est il que la politique en Tunisie est devenue à l’image du bus :
les vieux prennent les sièges et les jeunes restent debout à protester.