mercredi 31 octobre 2012

Notre Tour de Babel à nous !



Dans une époque très lointaine, où les légendes s’entremêlent avec l’Histoire, et les récits bibliques avec les fables pour enfants, les descendants de Noé furent les seuls survivants sur terre après que le déluge ait fait couler le mal et ait fait flotter le bien sur une arche. 

Les rescapés du déluge s’installent et se multiplient à Babylone, dans l’Irak d’aujourd’hui. Le peuple, qui commence à se former petit à petit, entretient une même culture et ne parle qu’une seule et unique langue : La Langue Adamique.

Après la pluie vient le beau temps ! Les descendants de Noé le savent et oeuvrent dans ce sens dans l’espoir d’une vie meilleure. Poussés par cet élan de solidarité communautaire, leur ville se construit de fil en aiguille pour bientôt devenir un empire.

Nemrod, Roi de l’époque, conscient de la force de l’Homme et dans une folie des grandeurs, décide de défier Dieu en construisant ce qu’on appellera par la suite, la fameuse « Tour de Babel », une tour qui symbolisera la puissance des Hommes et qui atteindra le ciel. Un signe de défiance envers le Dieu qui a effacé la race humaine de la surface de la Terre.

Les travaux commencent, et la Tour deviendra en une courte période, le premier gratte-ciel de tous les temps. Les constructions se poursuivent à une allure stupéfiante par des Hommes qui se comprennent et communiquent parfaitement ensemble.

La légende dit que Dieu, réalisant l’ampleur des travaux, fut pris d’un excès de colère, face à cette arrogance des mortels qu’il avait épargnés du déluge, et décide de mettre à terme le projet de construction et de maudire l’espèce humaine en multipliant ses langues !

Les habitants de Babel se retrouvent divisés par cette multiplication des langues. Les gens s’écoutent mais ne se comprennent plus. Petit à petit l’entente laisse place aux conflits et la solidarité communautaire au déchirement social. La langue a divisé les hommes, qui se séparent l’un de l’autre pour aller investir d’autres terres. Depuis ce jour, les conflits infestent la planète, les guerres se succèdent en divisant les hommes.

Le 17 décembre commença notre déluge et il prit fin le 14 janvier,  l’Assemblée constituante est notre arche, la constitution est notre Tour de Babel, et beaucoup de partis politiques se prennent pour Dieu … 

jeudi 4 octobre 2012

Google Tout Puissant, et ce qu'il pense de la Tunisie




Google.com est à ce jour la page la plus visitée du monde ! Nous la visitons chaque jour et à plusieurs reprises, si ce n’est pour une recherche, c’est pour vérifier que notre connexion fonctionne correctement.

La Page d’accueil de Google a fait que nos dictionnaires et nos encyclopédies, gisant sur l’étagère de notre bibliothèque, pourrissent sous la poussière. Et avec Google bientôt l’expression « Tourner la Page » n’aura plus aucun sens pour nos enfants qui n’ont jamais tenu un livre entre les mains, et cette expression sera bientôt remplacée par « Faire Défiler la Page » ou bien « Rafraichir la Page ».

Google a tellement pris de l’importance dans notre vie de tous les jours que certains déjantés sont allés jusqu’à créer la « Church of Google », l’Eglise de Google qui se base sur neuf règles, prouvant que Google n’est autre que  … Dieu lui même !



N’y voyez là rien de sérieux, puisque Google, lui-même ne reconnaît pas cette église. Toujours est-il que le moteur de recherche nous connaît mieux que notre mère, nos amis où notre femme !

Grâce à ces gigantesques algorithmes complexes et compliqués, Google réussit à enregistrer toutes nos recherches afin de nous offrir des résultats plus pertinents. La barre de recherche omnisciente de Google, nous donne un aperçu des recherches les plus communes sur Google.

Pour l’exemple, nous avons choisi de nous concentrer sur les recherches les plus communes concernant la Tunisie, afin d’avoir une idée sur l’image que véhiculent la Tunisie et les Tunisiens, surtout en cette période critique, où nos faits divers défraient la chronique des médias internationaux !

Les recherches francophones, n’étant pas très optimistes, font rimer Tunisie avec sale, islamiste, foutue et dangereuse !



Les Tunisiens, eux, regrettent Ben Ali, selon Google :



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Les américains quant à eux apprennent à nous connaître, et tentent de situer géographiquement la Tunisie depuis qu’ils ont en entendu parler après le 14 janvier 2011. Les Américains sont bons à nous raconter des histoires, mais qu’est ce qu’ils sont nuls en géographie :



et de quelle race nous sommes ? ( Oui la Tunisie est une race… )



Et s’il est sûr de voyager en Tunisie :




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Les Italiens, de leur coté, essaient de comprendre pourquoi chaque année des milliers de Tunisiens s’amassent clandestinement sur leurs littoraux , pourquoi fuient-ils leur pays ?



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Les touristes françaises qui comptent épouser des Tunisiens mènent leur enquête sur Google, principalement les blondes, car qui d’autre qu’une blonde utiliserait Google comme agent matrimonial :



Elles se renseignent sur la nature des hommes tunisiens et sur leurs prouesses sexuelles :



Puis hélas, vient la déception :



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Notre Président de la République s’est vu associé à la mention « tartour » sur le plus grand moteur de recherche du monde. Ce n’est pas vraiment avec cette appellation que Moncef Marzouki voudrait qu’on se souvienne de lui :



Cheikh Rached, quant à lui, a été associé à Israël, et à l’affaire Mac Donald :


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Pour finir, Google reste le seul endroit où tu peux « taper » la Police, sans risquer de finir une chaise roulante :





On parlera d'égalité Homme/Femme quand ...




On parlera d’égalité Homme/Femme :



- Quand les hommes devront se maquiller pour plaire aux femmes.

- Quand il n ‘y aura plus de Ministère de la Femme.

- Quand les « Pd » seront autant admirés que les lesbiennes.

- On ne dira plus de la femme que c’est une « pute » quand elle met une mini-jupe, mais on traitera de pervers, l’homme qui bave quand il la regarde.

- Quand on aura des chaines pornos pour les femmes.

- Quand l’homme portera un soutien pour cacher ses tétons.

- Quand l’insulte la plus répandue sera « Fils de client » et non plus « fils de pute ».

- Quand une quelconque religion aura une femme pour prophète.

- Quand une fille violée ne sera pas traduite en justice pour atteinte à la pudeur.

- Quand on traitera l’homme de « trainé » quand il mettra un short qui lui arrive au dessus des genoux.

- Quand on ne mettra plus une majuscule à « Homme », quand on parle de l’être humain en général.

- Quand un flic se fera violer par deux femmes parce que sa chemise est déboutonnée et qu’on voit son torse. 

- Quand le « sexe faible » voudra dire : « un impuissant en mal d’érection »

- Quand il n’y aura plus de soirées « free cocktails » pour les femmes seulement

- Quand la femme ne  devra plus s’épiler.

En attendant mesdames vous êtes priées de regagner votre cuisine.

Cordialement.

La Direction.



jeudi 27 septembre 2012

Tunis, un carrefour de civilisations

- Billet apparu sur Tunivisions Magazine n° Septembre 2012 - 




Tous les chemins mènent à Rome, certes ! Mais Tunis en vaut le détour. Ici, on y trouve de tout, même des maillots de l’ESS. Des brasseries et des mosquées mitoyennes se partageant un mur, mais aussi quelques fidèles adeptes. Des
salafistes piétinant le drapeau américain de leur Nike Air Max. Des
altermondialistes, tenant tête au nouvel ordre mondial avec leur casquette New Era. Et des féministes qui se laissent pousser les poils des jambes pour être les égales de l’homme : Bienvenue à Tunis, un carrefour de civilisations, depuis près de 3000 ans.

Depuis le temps que les civilisations s’entassent dans ce carrefour, il est dans l’ordre naturel des choses de voir apparaître un embouteillage monstre. Dans ce carrefour de civilisations, laquelle de ces dernières a la priorité ? Qui cède le passage à qui ?

 Comme dans chaque bouchon de circulation, les nerfs des conducteurs montent d’un cran et les décibels des klaxons aussi.  Les chauffards pressés klaxonnent désespérément croyant faire avancer les choses et les insultes fusent. Ça chauffe entre les conducteurs et pourtant ils sont en froid. L’ambiance est électrique et pourtant le courant ne passe plus entre eux !
 
Alors la Police dépêche un de ses agents pour régler la situation, calmer les gens et lubrifier la circulation. Entre temps, Ottoman, un des conducteurs bloqués dans le bouchon, veut brusquer les choses et tente de se frayer un chemin de force, sous l’œil bienveillant de l’agent de circulation.
Ce qui irrite Françoise, une autre conductrice, qui demande à l’agent de police d’intervenir. Ottoman n’apprécie pas cela, il descend du véhicule en rogne et se dirige vers la dame. Sa barbe, plus longue que la mini-jupe de Françoise, pétrifie cette dernière qui reste cloitrée dans son véhicule.

Plus loin dans l’embouteillage, un vieux monsieur, qui répond au nom d’Hannibal paraît-il, reste perplexe face à cette scène qui s’offre à ces yeux. Il ne reconnaît plus ce quartier, qu’il a longtemps fréquenté, depuis l’époque où ce carrefour n’était qu’une vulgaire piste de gravier où ses éléphants gambadaient.   

Et il se dit dans sa tête, pourquoi ne pas démolir ce carrefour, et construire une Agora à la place ? Comme nos amis grecs, une place publique, où tout le monde serait le bienvenu. Un endroit dépourvu de véhicules, où chacun viendrait à pieds. 


vendredi 24 août 2012

- L’islaïcité : Un subtil mélange d’islam et de laïcité -


- Ancien billet réadapté pour Tunivisions Magazine - n° Août 2012 - 

Je me rappelle l'époque où je crachais par terre, à chaque fois que je foulais le sol d'une rue du "7 novembre 1987". A cette époque, il suffisait de peu pour être révolutionnaire contestataire. 

Aujourd'hui, si tu ne postes pas d'articles traitant des magouilles de Beji Caïd Essebsi, un statut insultant Rached Ghannouchi de tous les noms et une vidéo relatant les frasques de Nejib Chebbi, Si tu ne fais pas de sit-in 3 fois par semaine, alors tu n'es qu'un sale vendu ou bien un lâche, dans les deux cas, tu ne mérites pas d'être Tunisien : Bandes de fous! 2 millions de Tunisiens sur Facebook me laissent penser que : " Plus on est de fous… plus l'asile est grandeur nature".


Les conversations disparaissent pour laisser place aux discours. Les dialogues sont devenus des monologues interposés. Autrefois, on murmurait dans les cafés pour faire passer l'information, parce que les murs avaient des oreilles, aujourd'hui c'est les oreilles qui ont des murs, alors on gueule, on crie, on hurle, mais rien n'y fait, l'information ne passe toujours pas.

Broyer du noir pendant 23 ans, a nourri une peur bleue envers le mauve. De plus, le RCD à des airs de mouton le jour de l'Aïd : il s’est fait égorger et voit ses membres dispersés un peu partout… entre l'Initiative, Nidaa Tounes, Ennahdha etc.
La conspiration est discrète et à l'époque du WIFI; les marionnettes que nous sommes se font manipuler sans fil.

Et aujourd’hui, une fois de plus, une problématique vient diviser le peuple tunisien en deux
 : Islamisme et Laïcité. Si les adeptes du premier accusent les autres de mécréance voire pire d’athéisme, les adeptes du deuxième, traitent les islamistes de rétrogrades et de sous-développés.

Contrairement aux autres problématiques qui ont partagé le peuple tunisien, Islamisme et laïcité ne peuvent coexister ensemble, puisque ces deux idéologies sont aux antipodes, c’est comme si on voulait adopter un système Libero-communiste dans le même pays. Il faut donc faire un choix !  Islamisme ou laïcité ?

Ce matin en faisant les courses à Monoprix, J'ai compris notre attachement à l'alcool, en voyant un homme payer ses bouteilles de vin en utilisant une Carte Fidélité. Je me demandais tout au long de la file d'attente qui me séparait de la caisse, ce qu'il adviendra de cet homme si jamais on appliquait la Chariaa en Tunisie.

Dans un pays ou l'on appréhende plus la fin du mois que la fin du monde, où à défaut d'être musulmans pratiquants, nous sommes pratiquement musulmans : Le peuple est mitigé, il ne sait pas sur quel pied danser : il a un pied sur un tapis de prière, le 2ème pied dans la cuve à vignoble… et le 3ème court derrière les femmes. Lequel les islamistes, commenceront ils par amputer ?
Ironie oblige si on applique la Chariaa en Tunisie, Toutes les femmes mettraient les voiles, si ce n’est pas au sens propre, ca sera au sens figuré.


Pour expliquer l’échec du communisme, les libéraux prennent l’exemple de l’URSS, alors pour expliquer l’échec de l’islamisme, nous prendrons exemple sur l’Iran , l’Arabie Saoudite et les autres pays du golfe qui puisent leurs constitutions de la Chariaa. Ces exemples appuient la thèse de l’islamisme liberticide, rétrécissant les libertés d’expressions, les libertés artistiques, et même les libertés vestimentaires.


A défaut d’être liberticide, la laïcité est libertaire et encourage toute forme de liberté, même celle du culte. Mais beaucoup confondent laïcité et Laïcisme,  si la première consiste à séparer l'Etat de la religion, la deuxième, elle, est beaucoup plus radicale.

Le Laïcisme consiste en fait, à faire disparaitre toute trace de religion dans un espace public, plus de voile pour les femmes, plus de prière dans les rues, plus de Kipa pour les juifs, plus de croix chrétienne etc. dans les places publiques. Le souci majeur du laïcisme consiste à classer la religion dans les éléments de la vie strictement privée. A ma connaissance, aucun pays, de nos jours, ne fait usage de cette pratique ( le cas de la burqa en France étant une autre paire de manche), et ce n'est pas en Tunisie que ça risque de se produire. 


Et c'est ainsi que se forment les conflits entre religieux et "mécréants" qui ne respectent pas la volonté de Dieu. Je compare la Tunisie à cette paire de fesses, la fesse gauche représente les laïcs, la fesse droite les religieux, et entre ces deux mondes, il y a comme un fossé. Dans ce fossé il y a moi, le grand trou du cul, et je commence à me faire chier…

On dit que « les contraires s’attirent », alors les politiques tunisiens réussiront-ils à marier de force, islamisme et laïcité ?  Un couple qui enfantera l’Islaïcité !
Toute la planète a les yeux rivés sur nous, attendant les cartons d’invitation.


dimanche 29 juillet 2012

Il faut interdire l'interdit !





- Texte paru sur Tunivisions Magazine N° Juillet 2012 -


C’est l’histoire de Monsieur X, un homme qui milite pour les droits du port du Niqab et du port de la mini-jupe, dans les rues de Tunis.
Il respecte non seulement l’Etat Islamique que veulent instaurer certains de ses amis barbus, mais aussi l’Etat d’Ebriété dans lequel vit l’autre moitié de ses amis imberbes, sans jamais tomber dans l’amalgame entre pensées barbues et pensées barbantes.
Non ! Ce n’est pas un schizophrène, c’est plutôt ce qu’on appelle un « libertaire » par excellence :Il fait confiance en l’homme, et le juge assez mature pour faire  ses propres choix sans laisser personne d’autre interférer dans ce processus décisionnel.

Sur son omoplate droit il s’est fait tatouer cette célèbre phrase - « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire » - que beaucoup, dans l’erreur, attribuent à Voltaire.

Quand ces camarades visent les grandes écoles et des salaires encore plus grands, Monsieur X, lui rêve de liberté.Et son pire cauchemar c’est« l’interdit » !
La seule chose qu’il faut interdire selon Monsieur X, c’est « l’interdit » lui même !
«Il est interdit d’interdire » rabâche-t-il à tous les adeptes de la « pensée unique», car en Tunisie, la tolérance est comme Dieu, tout le monde en parle, mais personne ne la voit jamais !

Mais qui définit l’interdit ?

Monsieur X considère que les principes, les valeurs, les coutumes et tutti quanti sont comme un grand arbre auquel la société attache l’Homme, avec une laisse, par le cou :L’homme est ainsi condamné à vivre dans le périmètre définit par la longueur de sa laisse, sans jamais découvrir les autres éléments de la vaste forêt qu’il habite, de peur de transgresser ses traditions ou ses coutumes.

Selon Monsieur X, la quête de chaque homme devrait consister à étendre le plus possible cette laisse, quitte à la briser, afin d’élargir le périmètre dans lequel il vit, et ainsi découvrir ce qui se cache loin de son arbre. Mais l’Homme est obstiné : il ne veut ni briser sa laisse, ni laisser les autres hommes le faire.

Dépourvu de coutumes et de valeurs, Monsieur X estime avoir brisé sa laisse, et se permet de gambader librement dans la forêt de la vie. Habités à la fois, de mépris et d’envie, les autres hommes, attachés à leurs arbres, regardent avec impuissance le spectacle que leur offre Monsieur X.

Mais Monsieur X appréhende une seule chose : qu’on lui remette la laisse au cou.
Car au moment ou vous lisez ces quelques lignes, les nouvelles laisses du peuple tunisien sont en train d’être tissées : Les députés de l’Assemblée constitutionnelle sont en train de définir l’interdit et de le mettre noir sur blanc.