vendredi 11 mai 2012

Le Patrimoine - Nombril de la Nation...



Billet paru sur le Magazine Tunivisions - Avril 2012.


Le patrimoine est cette « chose » que l’on hérite malgré soi, mentionné en gras dans le testament de nos ancêtres.
De la nation, le patrimoine est le nombril, la seule cicatrice qui mérite un nom, parce qu’elle nous rappelle d’où on vient.

A une époque où la Tunisie se morcèle à travers les différentes idéologies opposées qui la ravagent, où le monde avance à grande allure, il suffirait pourtant de jeter un coup d’œil sur le rétroviseur pour se rappeler d’où on vient : Le Rétroviseur c’est notre patrimoine, et le meilleur endroit pour l’apercevoir, c’est l’Office National de l’Artisanat (ONA) à Denden.

Y déambuler à travers les boutiques est un voyage à travers le temps, l’antre des souvenirs de la vieille Tunisie. L’ONA est, à lui seul, le gardien des valeurs perdues de notre société. A travers votre balade temporelle, vous n’apercevrez ni Mini-jupe, ni Niqab, ni Jean Slim, ni Keffieh, mais des koftans et des chechias en passant par des Djebbas.

Ces habits qui ont résistés à la mode, qui n’ont pris aucune ride à travers le temps et qu’on ressort encore dans les grandes occasions, brillent de milles feux en éblouissant les amoureux de la tradition.

« L’habit ne fait pas le moine » dit le proverbe, mais l’habit fait l’identité dans un pays ravagé par la mondialisation qu’elle soit d’Occident ou du Proche-Orient.
Tout ce qui vient de l’étranger a plus de valeur à nos yeux, nous appréhendons les barbus nationaux, mais nous vénérons le Père-Noël, maudissons le dollar américain, mais encaissons le Riyal qatari, triste paradoxe qu’est celui de la Tunisie.

Indécise et divisée, la Tunisie a le cul entre deux chaises… et les chaises s’éloignent petit à petit l’une de l’autre, je vous laisse imaginer où se retrouvera la Tunisie.

A travers les âges et le patrimoine qu’on lui a léguée, la Tunisie est devenue à elle seule, un bouillon de culture : la Tunisie c’est le décolleté sous le Sefsari, le string sous le hijab, le baiser derrière le niqab, la Vodka dans l’eau bénite, la cigarette durant ramadan, le Mezoued dans l’iPod, le « ça va ! » après le « Labes ?», le Ketchup dans le Kafteji et j’en passe.



Dans « la Carte d’Identité Nationale » ce qui est nationale c’est la Carte et non pas l’Identité, car loin d’être nationale, l’identité est encore aujourd’hui une quête personnelle que nous n’avons pas finie de découvrir.


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