Billet paru sur le Magazine Tunivisions - Avril 2012.
Le
patrimoine est cette « chose » que l’on hérite malgré soi, mentionné en
gras dans le testament de nos ancêtres.
De la nation, le patrimoine est le nombril, la seule cicatrice qui mérite un
nom, parce qu’elle nous rappelle d’où on vient.
A une époque où la Tunisie se morcèle à travers les différentes idéologies opposées
qui la ravagent, où le monde avance à grande allure, il suffirait pourtant de
jeter un coup d’œil sur le rétroviseur pour se rappeler d’où on vient : Le
Rétroviseur c’est notre patrimoine, et le meilleur endroit pour l’apercevoir,
c’est l’Office National de l’Artisanat (ONA) à Denden.
Y déambuler à travers les boutiques est un voyage à travers le temps, l’antre
des souvenirs de la vieille Tunisie. L’ONA est, à lui seul, le gardien des
valeurs perdues de notre société. A travers votre balade temporelle, vous
n’apercevrez ni Mini-jupe, ni Niqab, ni Jean Slim, ni Keffieh, mais des koftans
et des chechias en passant par des Djebbas.
Ces habits qui ont résistés à la mode, qui n’ont pris aucune ride à travers le
temps et qu’on ressort encore dans les grandes occasions, brillent de milles
feux en éblouissant les amoureux de la tradition.
« L’habit ne fait pas le moine » dit le proverbe, mais l’habit fait
l’identité dans un pays ravagé par la mondialisation qu’elle soit d’Occident ou
du Proche-Orient.
Tout ce qui vient de l’étranger a plus de valeur à nos yeux, nous appréhendons
les barbus nationaux, mais nous vénérons le Père-Noël, maudissons le dollar
américain, mais encaissons le Riyal qatari, triste paradoxe qu’est celui de la
Tunisie.
Indécise et divisée, la Tunisie a le cul entre deux chaises… et les chaises
s’éloignent petit à petit l’une de l’autre, je vous laisse imaginer où se retrouvera
la Tunisie.
A travers les âges et le
patrimoine qu’on lui a léguée, la Tunisie est devenue à elle seule, un bouillon
de culture : la Tunisie c’est le décolleté sous le Sefsari, le string sous
le hijab, le baiser derrière le niqab, la Vodka dans l’eau bénite, la cigarette
durant ramadan, le Mezoued dans l’iPod, le « ça va ! » après le
« Labes ?», le Ketchup dans le Kafteji et j’en passe.
Dans « la Carte d’Identité Nationale » ce qui est nationale c’est la
Carte et non pas l’Identité, car loin d’être nationale, l’identité est encore
aujourd’hui une quête personnelle que nous n’avons pas finie de découvrir.